Recherche sur Internet, bulles de filtres et désinformation
Comment fonctionne un moteur de recherche ? Pourquoi des résultats différents par utilisateur ? Pourquoi n’avons-nous pas accès aux mêmes actualités sur les réseaux sociaux ? Comment s’assurer de la fiabilité des informations ?
Transcription
Avec le web, la recherche d’informations a pris une autre dimension.
Durant les premières années d’internet, tout le contenu disponible sur la toile était agencé par des humains. Désormais nous utilisons la recherche en plein texte qui repose sur les algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux dont le fonctionnement peut parfois nous échapper…
- Comment fonctionne un moteur de recherche et pourquoi les résultats qu’il affiche sont différents pour chaque utilisateur ?
- Pourquoi n’avons-nous pas accès aux mêmes actualités sur les réseaux sociaux ?
- Comment s’assurer de la fiabilité des informations ?
C’est ce que nous allons voir dans cette vidéo.
En recherchant un simple mot sur internet, on peut obtenir en quelques dixièmes de secondes des millions de résultats, extraits de plusieurs milliards de pages existantes.
Comment est-ce possible en si peu de temps ?
Chaque fournisseur de moteur de recherche fait tourner en permanence des robots d’indexation qui parcourent toutes les pages accessibles du Web. On les appelle Web Crawlers. Ils arpentent la toile en permanence. Chaque nouvelle page trouvée est alors indexée, c’est-à-dire que son contenu est stocké dans une base et associé à des mots clés.
Lorsque l’on effectue une recherche sur un moteur, il interroge sa propre base de données constituée à l’aide de ces robots, et non pas l’immensité du web.
Les résultats sont alors proposés, mais pour chaque utilisateur le moteur de recherche ne fournira que des résultats personnalisés et ce pour deux raisons :
- Premièrement, les moteurs ont des spécificités de fonctionnement, des modèles économiques, des puissances, et enfin des règles éthiques de respect des données différentes.
- Deuxièmement, l’utilisateur oriente lui-même les contenus qu’il souhaite obtenir grâce aux filtres proposés par le moteur : par langue, date, domaine ou licence… La base est alors interrogée en tenant compte de ces filtres.
C’est avant tout pour une question pratique. Générer une page web contenant tous les résultats d’une recherche prendrait un temps considérable. On parle ici de milliards d’options. C’est donc une sélection bien précise de résultats qui est affichée, rien n’est aléatoire.
Chaque moteur de recherche a son propre algorithme, secret, qui sélectionne les résultats selon ses propres critères.
Et pour pouvoir effectuer une sélection la plus pertinente possible de résultats, les moteurs de recherche collectent nos données et établissent pour chaque utilisateur un profil détaillé. C’est pourquoi une même recherche surtout sur des sujets controversés, peut mener à des résultats radicalement différents.
Pour neutraliser ces mécanismes, on peut les désactiver dans les paramètres du moteur, ou mener sa recherche sans connexion à son compte.
Les algorithmes des réseaux sociaux suivent les mêmes méthodes que ceux des moteurs de recherches mais avec plus de précision encore.
De par leur fonction, les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter disposent de plus d’informations personnelles sur chacun de leurs utilisateurs et peuvent hiérarchiser l’information qu’ils mettent en avant sur nos fils d’actualité avec une très grande précision.
Cela répond à une nécessité : le flot ininterrompu de publications oblige les algorithmes des réseaux sociaux à faire le tri dans ce qu’ils choisissent de nous montrer en priorité. Ils ne proposent qu’une sélection d’actualités en fonction des pages et contacts avec lesquels nous interagissons.
Si cette sélection semble pertinente, l’immense majorité des actualités, opinions ou événements écartés par l’algorithme restera invisible. Ce phénomène de « bulle de filtre » a été mis en évidence et nommé en 2011 par Eli Pariser, militant et entrepreneur du web.
La bulle de filtre est un phénomène qui peut s’avérer dangereux : Être uniquement exposé à du contenu avec lequel nous sommes déjà en accord cimente nos croyances et les pousse à l’extrême. Cela peut nous enfermer dans un cercle vicieux de désinformation, puisque toute information contraire à ce que nous croyons déjà est automatiquement filtrée par les algorithmes.
Plus dérangeant, des actualités en rapport avec notre historique de navigation peuvent être proposées sans que ces contenus aient été partagés par nos abonnés, nos followers ou nos amis.
Cette impression de suivi provient de « données témoins », appelées cookies, qui s’enregistrent sur les appareils, y compris lorsqu’ils sont inutilisés, tant que nous ne sommes pas déconnectés. Vous pouvez en limiter l’affichage dans les paramètres de vos navigateurs.
Les bulles de filtres peuvent être un facteur de désinformation. Il est important d’être conscient de leur existence et d’accepter d’en sortir. Maintenir un esprit critique, vérifier les sources de nos informations, se renseigner auprès d’experts, tous ces réflexes nous permettent de mieux comprendre le monde qui entoure et les phénomènes qui s’y déroulent.
Il existe plusieurs outils pour aider à démêler le vrai du faux :
Des journalistes proposent des services de contrôle ou décodage comme Checknews pour Libération, Fact check pour l’AFP, mais aussi le site De Facto qui regroupe journalistes chercheurs et spécialistes de l’éducation aux médias et à l’information.
On peut aussi contrôler l’authenticité d’une photo avec des outils tels que TinEye, ou détecter une fausse vidéo ou un deepfake au moyen d’un site spécialisé comme Deepware.
Pour éveiller et entraîner l’esprit critique des élèves, les rendre capables de sortir de leur bulle de filtre, il est essentiel de les aider à prendre conscience de ces mécanismes et à les comprendre.
Et pour les aider à lutter contre la désinformation, leur montrer et les entrainer à utiliser des outils de fact checking, le CLEMI dispose de nombreuses ressources sur son site, ainsi que d’activités qui aident à repérer plus facilement les mensonges et les infox.
L’information qui vous sera utile est quelque part en ligne, et si les algorithmes peuvent vous aider à la trouver, ils peuvent aussi parfois contribuer à la maintenir à distance. A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas systématiquement nous reposer sur eux.
A nous de ne pas nous laisser enfermer dans notre bulle et d’approfondir notre recherche d’informations sur… la recherche d’informations !
Crédits
- Scénario : Théodore Laugee, Mélinée Chanard, Nicolas Chevallier
- Direction de publication : Marie-Caroline Missir
- Production : Réseau Canopé
- Partenariat : Pix
- Licence : CC BY-NC-ND 4.0
Ressource produite avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse